Float on~ LIBRE.

Mitsumi se dirigea vers sa classe, elle s'était couchée plutôt tard
hier soir et heureusement qu'elle n'avait pas de cours à donner
aujourd'hui' car elle n'était pas certaine que son corps aurait suivi
son esprit. Rien que de petits trucs à préparer pour demain. En tournant vers un autre couloir, quelqu'un lui fonça dessus d'un coup soudainement. Ses papiers tombèrent au sol puis le jeune homme se retrouva lui aussi au sol, sous l'impact. L'étudiant aida Mitsumi à ramasser ses feuilles puis il se releva rapidement, comme si il était préssé.

Qu'est ce que tu fais dans les couloirs, tu n'as pas de cours à cette heure?

Je dois partir ma copine a besoin... il s'arrêta de parler d'un coup sec.
Je suis seulement partit aux toilettes.

Mitsumi ne put s'empêcher de laisser sortir un rire de sa bouche suite à la réaction du garçon. Réalisant que son jeux acteur était totalement mauvais, l'étudiant supplia l'enseignante.

Je vous en pris Madame, c'est important pour moi.

Vas-y.

Les yeux de l'élève devinrent soudainement très grands puis il leva un sourcil en regardant l'éducatrice. Apparemment, il ne s'attendait pas à cela.

Vite, ne me fait pas changer d'idée. dit-elle en levant les yeux au ciel.

L'élève sourit à la professeur puis se pressa vers la sortie.
Mitsumi le regarda partir, les bras croisés, un peu fière de son geste après la réaction à laquelle elle avait eu droit. Soudain, quelqu'un lui tapa sur l'épaule. Elle tourna son visage pour regarder qui était là puis découvrit que c'était l'un des secrétaires de l'école. Il s'occupait de quoi exactement... Elle ne s'en rappelait plus. Les loisirs? Les dossiers? Les...

Qu'est ce que vous venez de faire Higuchi-sensei? dit-il en sortant la jeune femme de ses pensées.

Oh non. Ce ton de voix était loin d'être amical. La jeune femme avait souvent tendance à oublier qu'on était dans une école et qu'elle avait le rôle d'une enseignante envers les élèves. Pour elle, elle enseignait la musique point final. Elle avait complètement oublié ses années scolaires où la direction avait fait tout son possible pour rendre l'enseignement encore plus complexe. En effet, Mitsumi avait oublié les devoirs, les retenues et toutes les belles choses de la vie comme cela.

Pour elle, il pouvait s'en aller, elle ne voyait pas le mal. Pour ce monsieur par contre, serait-il du même avis. Elle ne pensait pas.

Sa raison était valable. Il devait s'en aller.

Peut-être bien, mais il ne le pouvait pas. J'en parlerai à nos supérieurs. rappliqua-t-il avec un air fier sur son visage.

Il ne tarda pas à ajouter.
Je doutes que se soit le comportement approprié envers l'un de nos étudiants Mademoiselle.

*Et moi, je doutes que se soit le bon moment pour venir me faire chier.*

Mitsumi baissa les yeux comme si c'était une cause désespérée de convaincre le secrétaire. Son visage neutre se changea en léger sourire, trouvant que la situation était complément ridicule. Elle ne pensait pas que ce matin, elle aurait à se justifier. Surtout pas près de l'un de ses collègues.

Vous savez quoi, vous avez totalement raison. Je ne sais pas ce qui m'a prit. Il est encore temps. Je vais aller le retenir. lâcha Mitsumi en essayant de paraître la plus sincère possible.

Excellente idée.

Sur cette phrase, la chanteuse sortit de l'établissement à toute vitesse en se dirigeant vers la même sortie que l'élève avait prise. Une fois dehors, Mitsumi tourna la tête un instant. Personne. Elle s'arrêta brusquement pour venir se poser sur un mur de l'école. Elle pensa immédiatement qu'elle dirait comme excuse qu'elle n'avait pas pu rattraper l'élève et elle prendrait le blâme et ect, ect.

Quelle torture cela avait été d'endurer la voix ennuyante du secrétaire qui avait tant bien que mal, essayait de la ramener vers le droit chemin. De la faire agir comme un vrai éducateur. Elle n'avait jamais enseigné et cela l'agaçait profondément qu'on lui demande de jouer la police avec les étudiants.

Elle regarda l'heure. Un petit quinze minutes de pause ne lui ferait sans doute pas de mal. Elle resta là, les yeux fermés avec un petit air contrarié au visage.

Flânant dans l’enceinte du lycée, Masumi respirait avec plaisir les odeurs de l’herbe fraîchement arrosée. Rester dehors était théoriquement interdit, mais la jeune fille n’avait pas eu la patience d’attendre quarante cinq minutes dans une salle close, et avait alors préféré se détendre à l’extérieur. Faisant attention à rester hors du champ de vision des fenêtres du rez de chaussée, la jeune étudiante fredonnait une musique tout en observant les nuages dans le ciel. C’était la parfaite illustration d’un temps de détente qui n’apportait strictement rien au niveau scolaire, mais qui rendait le sourire à Masumi. Cette dernière s’approcha du bâtiment central, toujours en restant à distance des fenêtres des salles de cours et de l’administration, et se cala contre un mur.

Continuant de fredonner, elle chercha dans son sac son lecteur de mp3 qui lui donnerait la version originale de la chanson qui lui hantait l’esprit depuis une bonne dizaine de minutes.

C’était le fait d’être absorbée dans son « trifouillage de sac » qui l’empêcha de prendre conscience du bruit de cavalcade qui s’approchait. D’un mouvement brutal et sec une lourde porte vitrée s’ouvrit, et une jeune lycéen sortit en courant, bousculant Masumi.

« Heyyyy ! »

Masumi suivit du regard le jeune étudiant, gravant son image dans sa mémoire. Si elle le revoyait il allait avoir droit à deux mots de sa part, et elle en frémissait à l’avance. Elle détestait plus que tout être dérangée alors qu’elle se trouvait dans un moment de détente extrême. C’était une erreur fatale, et ce jeune idiot venait de la commettre sans se soucier des conséquences.

Changeant de mur pour plus de sécurité, elle ne vit que trop tard qu’une professeur avait suivi « le sprinteur débile ». Masumi observa avec consternation que sa prof de musique se tenait près de la porte, les yeux fermés.

Ce n’était pas comme si une secrétaire l’avait vue, ce qui lui aurait automatiquement apporté des ennuis, mais cette professeur allait certainement lui faire la morale, et ainsi gâcher son moment de repos.

Masumi prit le temps d’observer les traits de la jeune femme qui se tenait à quelques mètre d’elle. Mademoiselle Higuchi était légèrement petite, mais ses formes harmonieuse contribuaient à ce qu’elle se démarque des autres professeurs. Son visage était vraiment jeune, et Masumi aurait été incapable de lui donner un âge précis.

A vrai dire depuis que Masumi était arrivée à Yamaguchi, elle n’avait réellement parlé à aucun professeur, et son silence radio en classe ne permettait pas aux enseignants de la situer. Elle restait une de ces élèves dont on oubliait toujours le nom, et dont le numéro de la classe restait un mystère.

La lycéenne attendit avec plus ou moins d’anxiété que la professeur remarque sa présence. Pour couper court à cette attente, Masumi déclara d’un ton neutre :

« Le jeune chanceux qui s’est enfui est déjà loin vous
savez. »

Elle regarda avec un visage impassible mademoiselle Higuchi. Le fait que cette dernière enseigne la musique aurait pu la rendre sympathique aux yeux de Masumi, mais elle restait finalement un professeur, et cela réduisait à néant les lueurs d'intérêt qui pouvaient s’éveiller dans le regard de le jeune fille.

La jeune femme inspira un bon coup. Comment se faisait-il qu'elle avait beaucoup plus de misère à gérer des élèves que sa carrière musicale. Si elle retournait dans le passé, elle se rappelait très bien qu'elle n'avait jamais été une étudiante exemplaire. Elle n'avait pas été la grande rebelle tatouée mais plutôt la petite feignante qui vivait dans ses rêves. Alors qu'elle s'emportait un peu trop dans ses pensées, Mitsumi entendit une voix qui s'adressa à elle.

' Le jeune chanceux qui s'est enfui est déjà loin de vous savez. '

Elle ouvrit les yeux pour remarquer que c'était une élève. Sous une impulsion elle la gratifia d'un sourire chaleureux puis ensuite, malheureusement pour les deux, se rappela qu'il y avait cours et que cette jeune demoiselle était dehors tout comme son petit rescapé de tout à l'heure. Elle grimaça en oubliant ce détail et répondit tout bonnement.

Tant mieux alors, je n'aurai pas à courir.

Mitsumi se plaça plus droite en ne prenant plus appui au mur pour regarder mieux l'étudiante. Son visage ne lui était pas inconnu. Avec le temps, elle avait apprit à se rappeler des visages et des noms cependant, c'était un peu plus difficile dans cette immense école considérant le grand nombre d'élèves. La jeune femme prit une chance.

Masumi?

Dans ses souvenirs, le nom de l'élève sonnait comme le sien, Mitsumi.

Sans vouloir attaquer l'étudiante ou quoi que se soit, Mitsumi lança. Et pourquoi est ce que tu n'es pas à ton cour?

Elle avait dût affronter un collègue déjà, une deuxième fois ne lui était pas nécessaire donc elle voulait prévenir l'élève de ne pas mettre un pied à l'intérieur du bâtiment avant le prochain cours. Histoire de s'épargner des ennuis.

Masumi observait la professeur qui se tenait devant elle. Mademoiselle Higuchi lui lança un sourire chaleureux, qui se transforma finalement en une légère grimace. La lycéenne observa les changements faciaux de sa professeur de musique d’un air neutre et impassible.
Il lui était difficile de cerner la personnalité de son enseignante, et à vrai dire elle ne faisait rien pour vraiment la comprendre. Elle ne s’intéressait pas aux professeurs, point barre.

Le regard de Masumi fut soudainement traversé d’un éclair de
surprise. Elle observa avec stupéfaction son enseignante, qui avait appelé son prénom de manière hésitante.
La lycéenne se tut un instant, abasourdie que
Mademoiselle Higuchi se soit souvenue d’elle. Ainsi elle n'était pas toujours si invisible que ça.

« Oui. » Elle essayait de garder un ton inexpressif, mais ses yeux trahissaient son agitation intérieure.
« Je m’appelle Masumi Kyoka. »

L’étudiante prit le temps d’observer sa professeur. Ne
serait-ce pas que du bluff ? Mademoiselle Higuchi paraissait étrangement différente de ses collègues, mais était-ce la réalité ou une impression trompeuse de quelques instants ?

D’ailleurs la question suivante de Higuchi confirma à
nouveau son statut de professeur.
Elle lui demandait pourquoi elle n’était pas à son cours, et
Masumi répondit platement :

« J’ai une heure de libre. »

Elle ne savait plus quoi attendre comme réponse. Un
professeur classique lui aurait aboyé de retourner au foyer, mais cette enseignante de musique ne ressemblait pas vraiment à ses collègues. Masumi attendit donc tranquillement sa sentence.



Ce fut un sifflement qui attira l’attention de Masumi. La
jeune fille leva la tête, et eut à peine le temps de se précipiter sur sa professeur de musique.

« Attention ! »

Masumi poussa instinctivement l’enseignante, et aussitôt
après un bruit sourd retentit derrière elle, à l'endroit même où les deux jeunes femmes se parlaient.

Masumi observa le cartable qui avait atterri sur le sol
bétonné. Une fenêtre ouverte laissait échapper les cris d’un professeur contre un élève dissipé.
« Les cartables volants » comme les élèves les
appelaient, étaient considérés comme la technique ultime que les professeurs utilisaient contre leurs cancres.

Les enseignants se contentaient de balancer le sac d’un
élève par la fenêtre, et obtenait ainsi le respect des élèves effrayés.
Masumi soupira nerveusement. Elle haïssait cette habitude.
Si on osait toucher au sac d’un prof par mégarde, il devenait comme fou et vous collait un beau rapport. Mais c’était le même professeur qui se prenait la liberté d’abîmer les affaires de ses élèves. C'était juste pathétique.

La jeune Kyoka se retourna vers mademoiselle Higuchi. Elle
ne s’était pas excusée de l’avoir poussé, et à vrai dire ne comptait pas le faire. Elle l’observait en cet instant avec dégoût et mépris. La pauvre professeur de musique était assimilée dans l’esprit de Masumi à ce professeur qui pourrissait la vie de Kyoka et de tant d’autres.

« Génial la technique de votre collègue. »

La jeune fille mit les mains dans ses poches, et baissa la tête. Elle ne supportait vraiment pas ces comportements.