GEASS ~ first use ~ [PV - Masumi] Terminé.

6h42 du matin.
Miroku passa la porte du garage de la propriété des Buro/Hendo qui lui permit d'entrer dans sa chambre puis il jeta, sans faire attention, sa veste par terre.

Comme d'habitude, il était trop énervé pour dormir directement après le travail, malgré une bonne douche de détente. Ainsi il commença à s'installer sur son fauteuil pour prendre le temps de souffler un peu.
Calant un coussin sur son visage, il se cacha un instant, perdu dans ses pensées. Cette nuit lui avait semblé interminable, surtout avec les événements de la journée précédente: la piscine, le snoo........... Le snooker.
AH !
Son coussin tomba de son visage alors qu'il se redressait dans le fauteuil.

C'était l'aube. Miroku se souvenait maintenant qu'il avait rencontré une jeune femme qui était désormais son esclave pour les 30 jours à suivre.
Comment avait-il pu oublier une telle chose?

Se relevant du fauteuil, il se dirigea vers sa veste qu'il avait malencontreusement balancée, la percha sur un pic servant de porte-manteau et récupéra son portable dans l'une de ses poches.
De mémoire, il enregistra le numéro de Kyoka puis regarda l'heure de son portable.
7 heures. Bon, c'était l'heure alors.

Miroku s'assit sur son lit yama et composa un message à son attention.

Citation :

Quartier résidentiel de Yamaguchi. #1884. Tout de suite. J'ai laissé le portail ouvert. Entre directement sans prévenir et rends-toi dans le garage.

Envoyant le message, il laissa son portable sur son lit et partit prendre un papier et un stylo.
Miroku commença à noter une liste impressionnante de choses, tout ce qui pouvait lui passer à l'esprit.

En y repensant, elle s'était pas mal moqué de lui au final.
Kyoka avait joué avec ses nerfs, il jouerait avec les siens en retour.
Ses journées allaient être longues.

Masumi se retourna pour la énième fois dans son lit. Soupirant bruyamment, elle attrapa au vol sa montre posée sur la table de nuit.
3h00
La jeune fille réprima un grognement. S’asseyant dans son lit, elle écarta nonchalamment les couvertures qui l’entourait.

Masumi laissa ses yeux s’accoutumer à l’obscurité qui l’entourait. Cela faisait tant de semaines que ses nuits étaient interrompues par d’incessantes insomnies, cela en devenait une habitude. Se levant sans bruits, elle traversa à tâtons l’appartement plongé dans le noir.
Des respirations régulières provenant de la chambre opposée à celle de Masumi se firent légèrement entendre. La jeune Japonaise tourna la tête vers la porte fermée, et secoua lentement la tête. Une fois de plus, ses géniteurs avaient réapparu dans sa vie sans crier gare, pour au final chambouler toutes ses habitudes.
Masumi se promena silencieusement dans le salon. Il y avait quelques semaines encore, cette pièce était remplie de rires, de cris, de musique. Ses amis venaient souvent, et la jeune fille ne se sentait jamais seule. Alors qu’à cet instant… l’impression de silence mortuaire étouffait Masumi.
La jeune fille alla dans la cuisine se servir un grand verre d’eau glacée. Elle détestait devoir se lever plus tôt pour les éviter. Elle détestait devoir quitter précipitamment toutes les pièces communes le soir, pour que lorsqu’ils soient là ils n’aient pas à se rencontrer. Chaque conversation avec eux devenait une joute violente, où elle ne se sentait pas physiquement en sécurité.
Masumi se passa lentement la main sur son front brûlant. Elle ferma les yeux, et sentit son corps se détendre enfin.
Reposant doucement le verre sur le plan de travail, elle revint rapidement dans sa chambre et se rendormit quelques instants après.

Son réveil ne fut pas le seul à sonner à 7h00 du matin. Masumi jeta un coup d’œil vers son portable, et lut le message d’un numéro inconnu. Ce ne fut qu’après plusieurs minutes qu’elle comprit de qui il s’agissait.
Le jeune prétentieux. Elle l’avait déjà oublié.
Se douchant et s’habillant rapidement, elle sortit sans perdre de temps de son immeuble, et se dirigea vers l’adresse inscrite sur le texto.

Prenant le temps d’admirer les lieux, elle pénétra dans la demeure, et trouva le fameux garage que l’inconnu avait mentionné.
S’arrêtant sur le seuil, elle lança calmement à l’habitant des lieux :

« J’espère que ça valait le coup de me faire arriver si tôt.»

Elle entra dans la grande pièce, et posa son manteau sur celui du jeune homme.
Prenant le temps de s’approcher de son interlocuteur, elle se mit à sourire doucement.
Masumi se demandait vraiment quel genre d’idées démoniaques avaient pu traverser l’esprit du jeune homme en son absence.

Masumi observa avec désapprobation l’état de somnolence extrême
du jeune homme.
Ce dernier ne prit même pas la peine de répondre à sa question, et se
contenta de jeter le manteau de Masumi vers elle.

La jeune fille ne se départit pas de son léger sourire. A vrai dire tout ce qu’il pourrait faire ou dire ne la touchait pas le moins du monde. Ils ne se connaissaient pas, et le peu qu’elle en savait sur lui suffisait à la tenir à distance. Après ces trente jours de simili esclavage, elle ne le reverrait sans doute plus jamais. Masumi prit le temps de replier correctement son manteau avant de prendre la liste que lui tendait le jeune homme.

Elle dut réprimer un petit rire en comprenant qu’il s’agissait de faire les courses du lycéen. Elle qui pensait devoir se lancer dans des missions dangereuses et impossibles pour répondre à des ordres insensés, elle se voyait rassurée.

Masumi suivit du regard le jeune homme qui se dirigeait vers sa partie chambre. Elle attendit patiemment qu’il enlève sa chemise et son pantalon pour s’asseoir sur le lit dans lequel il s’était allongé.

Elle réfléchit un instant à comment elle devrait l’appeler.
Elle ne savait en effet ni son nom ni son prénom. L’appeler « Hey » était trop familier, mais le titre de « maître » - malgré que cela aurait pu être marant – allait donner la grosse tête au jeune prétentieux.

Masumi se résolut donc à le tutoyer, tout simplement.

« Je ne connais pas tes habitudes de magasins. Tu préfères les produits avec des grandes étiquettes en feuille d’or, ou juste les même produits trouvés cette fois au marché ? »

Masumi s’étira longuement. A vrai dire, cela ne la dérangeait pas de se démener pour le jeune homme. Son objectif secret était qu’elle soit assez épuisée le soir pour retrouver des nuits complètes.

Laissant le temps au lycéen de répondre, elle ajouta :

« Je ne viendrai pas cet après-midi. J’ai cours. »

Remettant son manteau sur elle, Masumi disparu du garage.

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Un sourire collé aux lèvres, Masumi débarqua dans le garage,
qu’elle avait surnommé dans son esprit : « l’antre du jeune fou ».

Elle avait adoré se promener dans ses quartiers préférés de
Yamaguchi pour faire les courses, et avait répondu gentiment aux chaleureux
bonjours des commerçants.

La jeune fille se reconstitua un visage plus ou moins inexpressif,
et posa doucement les courses sur la grande table en inox.
Regardant sa montre, elle s’exclama :

« Je n’ai mis qu’une heure trente ! Yattaa ! »

Elle était positivement fière d’elle, et rien de ce que pourrait dire le jeune homme ne pourra ébranler ce sentiment. Fredonnant inconsciemment une
musique jazzy, elle commença à ranger les affaires achetées. La méthode de
rangement du propriétaire des lieux lui était encore inconnue, et elle préféra
donc s’en remettre à lui.

« Où suis-je censée ranger les dix bouteilles d’alcools ? »

Masumi se sentait visiblement assez à l’aise pour se permettre de blaguer avec le jeune orgueilleux.

Elle s’appuya sur la table, et attendit que le lycéen lui
donne des indications sur comment tout ranger.

Miroku s'endormait petit à petit alors que Kyoka continuait à lui parler de choses qu'il n'entendait pratiquement plus.
Son inconscient avait pris le message; il l'en informerait quand son amie la conscience serait dans un état un peu plus présentable.

Il n'était même plus sûr au final de si elle était réellement partie faire les courses comme il le lui avait demandé ou si elle trainait encore dans sa chambre.
Ressentait-il un minimum de confiance en elle pour se comporter ainsi?


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Miroku sursauta violemment de son lit.
« µù¨^$%:/; !!! Yattaa ! »
Qu'est-ce que c'était que ce bordel?!
Se redressant dans son lit, il fixa qui était osé entrer dans sa chambre... Puis tout lui revint.
Jetant un regard à son réveil, il était environ 8h30. Il lui avait pourtant dis de rentrer à 9h... Peut-être n'avait-il pas été assez clair.
Miroku prit son visage dans ses mains. On aurait presque dit qu'il pleurait en tenant une telle position.
Cette femme était une plaie.
Il aurait dû se contenter de lui pourrir la vie autrement plutôt que de lui laisser une chance de payer ses dettes.

Remontant ses mains jusqu'à dans ses cheveux, il se laissa retomber dans le lit, sur le dos, puis cacha son visage à l'aide de son coussin.

Je vais me la faire... murmura t-il.

Aucune connotation sexuelle ici. Miroku était plutôt décalé. Il ne lui arriverait même pas de penser une seule seconde que cette phrase pouvait vouloir dire autre chose que son sens de chaos et d'anéantissement de la personne dont il parlait.

La jeune femme, elle, fredonnait tranquillement des airs en déballant les courses.
Bientôt, elle lui demanda où est-ce qu'elle devait ranger les dix bouteilles d'alcool. Miroku ne se souvenait pas lui avoir demandé d'en acheter, mais peu importe, elle s'adressait maintenant à lui. Dommage.
Si elle s'était contentée de se taire le temps que Miroku finisse sa sieste, il l'aurait laissé tranquille.
Mais désormais, un ressentiment et un désir de vengeance planait en lui.

Laisse moi réfléchir... lança t-il d'une voix plus faible que d'habitude.

Miroku retira le coussin de sur son visage et se contenta de fixer le plafond sans bouger plus.

Vas faire 10 fois le tour de la Résidence en courant puis reviens me voir.
Et n'essaye pas de m'arnaquer, il y a des caméras de surveillance autour de chez moi.

Elle était un peu trop énergique à son goût, il fallait bien la calmer un peu.
Miroku s'allongea sur le côté, prenant dans ses bras son coussin comme un enfant tiendrait une peluche, puis referma doucement les yeux.
Sa demi-heure, il la voulait. T-T
Il dormait déjà si peu.

Masumi attendait tranquillement que le jeune homme daigne répondre. Depuis qu’il aie osé s’endormir sous ses yeux sans rien dire, elle ne savait plus sur quel pied danser avec lui.
Finalement il lui dit d’une voix si faible qu’elle dut s’approcher :

« Vas faire 10 fois le tour de la Résidence en courant puis reviens me voir.
Et n'essaye pas de m'arnaquer, il y a des caméras de surveillance autour de chez moi. »

Masumi le regarda longuement. S’approchement doucement du lit, elle fit soudain le salut militaire en criant :

« OUI CHEF ! »

Réprimant son fou rire, elle prit rapidement la fuite, avant d’ajouter près de la porte :

« On a interdit les contacts physiques, alors oublie le fait de vouloir me faire, comme tu disais si bien sous ton coussin. ».

Sortant finalement une bonne fois pour toute du garage, elle commença à s’échauffer par de petites foulées.
Profitant de l'occasion pour mieux connaître l’endroit de vie du jeune homme, elle donna de discrets coup d’œil à l’intérieur de la maison principale.
Ses foulées se furent de plus en plus longues, et rapidement Masumi fut à la moitié de son parcours, soit cinq tours.

Elle s’arrêta un instant près d’un buisson, pour rempoter légèrement un petite cactus qui paraissait mal en point. Après quelques secondes réflexion, la jeune fille courut à nouveau en direction du garage, et fit couler de l’eau dans ses mains en forme de puits.
Reprenant son souffle, elle recourut à l’extérieur vers le cactus et le gratifia d’une bonne gorgée.
Masumi jeta un dernier regard à la petite plante, et reprit sa course.

Une fois les dix tours terminés, elle revint lentement vers le garage. Elle ne pensait pas être aussi essoufflée après seulement peu de tours.
Reprenant son souffle près de la table en inox, elle finit de ranger les courses. Après tout si le jeune monsieur ne voulait pas lui expliquer son système de rangement, elle trouverait bien par elle-même.
Ce fut son estomac qui en gargouillant lui rappela l’heure qui tournait.
Masumi retourna lentement près du jeune homme et lui demanda tranquillement :

« Quelle est la suite du programme ? »

Miroku ouvrit un oeil pour la regarder près de lui, en train de faire le salut militaire. Au moins, elle allait obéïr.
Il referma les yeux sans ajouter quoi que ce soit, se rendormant alors.


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Miroku ouvrit instinctivement les yeux... Tout était silencieux autour de lui. Visiblement, Kyoka n'était toujours pas rentrée.
Il soupira, profitant de ce silence si reposant qui ne durerait sans doute pas lorsqu'elle remettrait les pieds dans cette pièce.
Encore une fois, il se demanda un instant dans quoi est-ce qu'il venait de se lancer. Elle allait sans doute plus l'emmerder qu'autre chose, et son jeu se retournerait contre lui.
Lorsque cela serait trop insupportable, il pourrait toujours la congédier.
Mais rien que pour avoir le plaisir de lui donner des ordres et de la voir s'éxécuter immédiatement, cela rattrapait largement l'aspect bruyant et génant d'un tel engagement.

Miroku se leva alors, se dirigeant vers la table en inox, regardant d'un coup d'oeil rapide tous les sacs de courses qu'elle avait rapportés.
Quel travail. Cela l'arrangeait bien. Il détestait faire les courses.

Le jeune homme attrapa le premier pantalon et le premier marcel qu'il trouva dans son armoire. Inutile de se mettre sur son 31, il ne savait même pas si il avait l'intention de sortir pour le moment, surtout que maintenant il avait un coursier.
S'approchant de son lavabo, il se regarda dans le miroir un moment puis se rinça le visage. Il en profita aussi pour passer de l'eau dans ses cheveux et les repousser en arrière, ainsi ils le géneraient moins pour le moment.

Bientôt, il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir. Kyoka revenait de sa petite balade et un sourire se dessina sur son visage, la regardant se rapprocher de la table qui les séparait.

Elle commençait à déballer les courses et tentait de les ranger un peu partout dans sa chambre. Miroku releva instinctivement un sourcil en l'observant faire. Elle lui donnait littéralement le tournis.

Laisse tomber ça.

Le jeune homme se cala à côté d'elle et regarda dans l'amas de courses qu'elle avait sorti. D'une main, il commença à pousser certains objets afin d'être sûr de ne pas louper ce qu'il cherchait.

Où est mon huile de chaîne?

La trouvant finalement, son visage s'illumina brusquement.
Miroku la prit et joua un peu avec, lisant l'étiquette.

Il fut interrompu par la jeune femme qui lui demanda quelle était la suite du programme. Le jeune homme reposa alors ses yeux sur elle.
Allant ranger son huile qui lui servirait un peu plus tard, il commença à se faire un bon café et sortit des biscuits d'un petit buffet.

Et si tu me faisais une petite danse, à cloche-pied ?

Le temps que son café passe, il s'assit autour de sa table en inox et grignota des gâteaux tout en la fixant.

Tu es douée en strip-tease?

Miroku réprima un rire pour paraître le plus sérieux possible.
Il voulait simplement lui faire peur, même si il n'était pas sûr que cela marche étant donné le caractère de la jeune femme.
Ce genre de choses ne l'attirait pas vraiment, sauf lorsqu'il était réellement attiré par la femme en question. Même si cela était rare, ça pouvait lui arriver, c'était un homme après tout, mais cela mettait du temps à Miroku pour le réaliser. Souvent il n'avait pas envie de commencer une quelconque relation, ainsi ses désirs se perdaient dans la continuité de sa vie d'être humain solitaire.
Parce que ça n'avait aucun intérêt.

Maintenant que Miroku pensait à de telles choses, il remarqua que la jeune femme face à lui n'était pas mal du tout. Calmement, il posa son menton contre la paume de sa main, l'observant un moment.

Le jeune homme fut sorti de ses pensées lorsqu'il entendit sa cafetière se plaindre.

Tu peux me servir s'il t......

Miroku se tut brusquement. Depuis quand voulait-il utiliser des formules de politesse? Kyoka était sous ses ordres, qu'elle s'éxécute.

En rentrant de sa course, Masumi observa du coin de l’œil le jeune homme qui s’était changé. Elle sourit entre deux souffles courts, dus à sa course rapide, et ne fit aucune commentaire.
Commençant à ranger les affaires encore dans les sacs, ce fut la voix du lycéen qui stoppa ses gestes.
Elle l’observa retrouver son huile de chaîne, et remarqua avec intérêt comment son visage s’illumina en regardant l’objet.

Elle se plaça finalement devant lui, et demanda quelle serait la suite du programme.
A vrai dire, Masumi regardait l’heure qui tournait et calculait mentalement qu’elle devrait encore manger un bout avant d’aller en cours pour l’après-midi.
Comme à son habitude, il ne répondit pas. Masumi attendit patiemment, et renifla avec délice le café qui se préparait.

Une danse à cloche pieds ?
Ce fut cette fois au tour de Masumi ne rien dire.
D’ailleurs il continua ses questions idiotes en lui parlant de strip tease.

Masumi sentit son sourire grandir. Elle le regarda l’observer, et répondit d’un ton moqueur :

« Je t’attire tellement que tu veux me voir nue ? »

Elle essaya de garder un visage sérieux.
Masumi ne savait pas pourquoi le jeune homme lui posait une telle question. Elle aurait imaginé qu’il la haïsse de ne pas l’avoir payé, et cherche au contraire à l’humilier par tous les moyens. Au contraire elle se trouvait finalement bien lotie. Faire des courses et se détendre avec un petit jogging n’était pas ce qu’on pouvait qualifier de torture.
La question du strip tease était vraiment étonnante par contre. Masumi observa silencieusement son interlocuteur. Il vivait à ce qu’elle avait pu comprendre dans un monde de sexe, et souhaitait que son esclave de quelque jours se montre à lui. C’étai ainsi la preuve que ses ordres tourneraient parfois autour de ce sujet.
Masumi sourit à cette idée.

Le jeune homme lui demanda de le servir, et se réfréna de lui demander poliment. Masumi s’approcha de la cafetière. Sans vraiment le vouloir, il lui montrait au final ses bons côtés, et la jeune fille se surprenait elle-même à ne plus le qualifier à tout bout de champ de « petit prétentieux ».

Prenant un mug, elle versa doucement le café, et servit finalement une cuillère.
La jeune fille se posta de l’autre côté de la table, et observa calmement :

« Je ne connais pas ton nom. »

Fatiguée de rester debout, elle s’assit sur une chaise en face du jeune homme.

Masumi émit un petit rire en entendant la réponse du jeune homme.
Si on lui avait dit deux jours auparavant qu’un homme allait la sauver de quelques demeurés alcooliques et lui donnerait littéralement un prix, puis la soumettrait à trente jours d’esclavage, pour finalement lui annoncer qu’effectivement elle était mignonne mais qu’il préférerait l’étriper plutôt que de la voir nue, elle aurait tout simplement cru à une bonne blague.
Et d’ailleurs, elle se demandait encore si tout cela ne se résumait pas à une grosse plaisanterie.
Cet homme ne pouvait pas être sérieux. Il croyait vraiment qu’elle allait rester trente jours sous ses ordres pour s’entendre dire des choses pareilles ?

Masumi servit en silence le café de monseigneur, pour finalement s’asseoir devant lui.
Lui rappelant qu’elle ne connaissait pas son nom, la réponse ironique du jeune homme fit soupirer la lycéenne. Il ne pouvait pas répondre à une simple question comme tout le monde ?

Masumi commençait à sérieusement perdre patience, et un coup d’œil à sa montre lui en donna l’explication : elle avait faim.
Cela faisait des heures qu’elle n’avait rien avalé, son jogging l’avait épuisée, et regarder son maître de la journée avaler des biscuits gorgés de café ne l’aidait vraiment pas à oublier son besoin urgent de nourriture.

Le nouvel ordre du jeune homme n’amusa absolument pas Masumi. Elle sentait ses extrémités s’engourdir et se refroidir, preuve même de la faim qu’elle éprouvait.
La jeune fille se leva lentement, et d’un coup rapide et inattendu elle piqua trois biscuits dans la boîte ouverte sur la table.
Courant à l’autre bout de la pièce pour plus de sûreté, elle enfourna deux biscuits d’un coup avant de commencer sa « danse à cloche pied ».
Un sourire revint doucement sur son visage, mais elle se sentait encore gelée.
Commençant à faire de grands cercles à cloche-pied, Masumi finissait en réalité de déguster son troisième biscuit.
Elle émit un léger soupir de contentement après la dernière bouchée, et se mit à danser plus sérieusement. Il était bien entendu hors de question qu’elle se trémousse de manière sexy pour le jeune homme. Il l’avait déjà assez humiliée par son ironie acerbe.
Elle s’amusa au contraire à inventer une chorégraphie amusante, dans lequel tout son corps participait (une vague tentative de Masumi pour se réchauffer).
La jeune fille commença sérieusement à se prendre au jeu, tant et si bien qu’elle en oublia totalement la présence du jeune homme, ce qu’elle n’aurait pas cru possible. Fredonnant une chanson américaine qui passait constamment sur les ondes à cette période, elle se mit à vraiment la chanter et imita une rockeuse qui se balançait sur la scène. L’effet de Masumi qui sautait continuellement sur un pied était au final assez comique, mais la lycéenne était trop dans son amusement pour s’en rendre compte.
S’approchant du canapé, elle ne sentit que trop tard sa cheville s’engourdir. Le choc contre le sol se répercuta dans tout son dos, et sa tête qui avait heurtée le pied du canapé la faisait horriblement souffrir. Masumi ferma les yeux. Il n’y avait qu’elle pour toujours perdre l’équilibre dans des moments pareils.
Elle déplaça lentement la tête, et regarda la pièce qui s’étendait devant elle. La souvenir de la dernière fois où elle s’était ainsi retrouvée écroulée contre le sol lui revint, et ses yeux se brumèrent d’un voile de tristesse. Elle avait été littéralement balancée à travers une pièce, et l’impression de n’être pas considérée comme un être humain mais comme une chose l’avait si douloureusement touchée ce jour là qu’elle s’en souviendrait à jamais.

Battant des cils plus qu’à la normale, elle essaya de contenir les souvenirs qui affluaient. Ce n’était pas le moment de montrer une faiblesse.

Masumi serra doucement ses poings pour se donner du courage et avoua faiblement sa défaite :

« Je n’arrive pas à me lever. Peux-tu m’aider ? »

Elle tendit instinctivement les bras pour que le jeune homme lui prenne les mains.
Masumi sentait sa tête bourdonner. Elle avait besoin d’avaler quelque chose, cela devenait impératif.

Les bras tendus, Masumi restait à fixer le jeune homme qui s'approchait. Elle était visiblement encore sonnée par le choc, et les émotions qui tourbillonnaient en elle ne l'aidaient pas à se recentrer. Le lycéen qui avait marchandé de la garder trente jours sous ses ordres se pressa, contre toute attente, pour venir l’aider. Au contact des bras qui lui entourèrent les épaules, la jeune Japonaise émit un mouvement de surprise.
Le choc avait-il été si brutal qu’elle avait maintenant des hallucinations ?
Masumi n’aurait jamais imaginé un tel revirement de personnalité chez son « maître ». Masumi observa sans mot dire le jeune homme qui au final restait si mystérieux à ses yeux , se mettre à genoux près d’elle.
Il vérifiait visiblement son état physique, et cette préoccupation qu’il avait pour elle emplit la jeune fille d’une nostalgie amère. Elle cligna à nouveau des yeux, et essaya de vider son esprit.

« Est-ce que tu as mal quelque part? »

Masumi essaya de formuler une réponse cohérente. Le comportement soudainement affectueux du jeune homme continuait légèrement à la troubler, et elle en perdait ses facultés primaires.
Elle n’eut au final pas le temps de trouver ses mots. Son compagnon vérifiait déjà sur sa tête les blessures possibles. Masumi continuait d’observer ce qu’il faisait sans mot dire. S’il s'était mis à lui demander son degré de douleur sur une échelle de 1 à 10, elle se serait vraiment cru en présence d’un médecin. Les gestes du lycéen étaient rapides et précis, et Masumi ne pouvait qu’être impressionnée. Elle était visiblement entre de bonnes mains, et la nouvelle attitude du jeune homme lui plaisait.

« Tu as envie de vomir ? »

A cette question Masumi n’eut plus de doute. Le jeune homme connaissait l’univers médical. Personne n’aurait pu avoir l’idée de poser cette question autrement.
La lycéenne déglutit lentement, et finit par réussir à articuler :

« Non, ça ira. Je vais bien… je me suis fait plus de peur que de mal. »

Cette phrase était quasiment sa réponse fétiche. Les personnes autour d’elle se mettaient instantanément à ne plus se préoccuper de ses douleurs physiques, et elle était tranquille.
Pourtant le jeune homme n’eut pas cette réaction, et alla au contraire préparer une poche de glaçons pour soulager les maux de tête de Masumi. Cette dernière le suivit du regard, décontenancée.
Il arrivait à se classer dans la catégorie du peu de personnes qui s’étaient réellement un jour préoccupées de la jeune fille.
Masumi prit les glaçons enveloppés dans une serviette sans rien dire. Sa relation avec le garçon prenait une atre tournure, et elle devait s'adapter. Il était devenu en quelques instants beaucoup plus humain, et elle se sentait étrangement en confiance avec lui.
La remarque ironique de ce dernier la fit finalement sourire.

"Tu oses me dire que je ne sais pas chanter ?"

Masumi observa son interlocuteur en riant légèrement, le front couvert par la poche de glace.

"Cela voudrait-il dire que je me trouve en présence d'un grand chanteur ?"

La lycéenne se sentait détendue, et appréciait l'idée de découvrir un peu mieux l'ex-prétentieux du bar de la veille.
Pourtant un coup d'oeil vers la pendule lui fit changer d'avis.
Se relevant doucement, Masumi posa la poche de glace dans les mains de son compagnon.

"Merci de m'avoir aidée... Mais je dois partir."

Prenant d'un geste rapide son manteau elle disparut de la pièce en un instant.
Masumi avait en effet cours d'informatique ce jour là, et un retard équivalait à une mort certaine.