La danse... un minimum de sensations [Hendo Miroku]

Il est clair qu'en débarquant dans cet établissement, Aoi n'avait qu'un seul objectif : se perfectionner dans son domaine, la danse. Et elle l'atteindrait, elle était sure.

La journée était passée assez rapidement, et l'obscurité prenait le dessus à présent. Les élèves à cette heure-là, sortaient du dinner, et s'apprêtaient à sortir, ou retrouver leurs bons vieux lits respectifs.

Aoi, elle n'avait pas fini sa journée. La grande et jolie salle d'art restait ouverte jusqu'à 22h afin que les élèves puissent réviser, s'entraîner, s'améliorer. La jeune asiatique était donc partie dans ce but là ce soir.

Tenant fermement son sac, une pomme à la main, elle longea les vitres qui donnaient la possibilité de voir l'intérieur de l'extérieur.

Arrivant à la porte, elle entra décidée à refaire un pas qu'elle avait eu du mal à représenter le matin même en cours. Se changeant vite, elle enfila un top gris, sa jupe à voile blanche* et sa paire de pointe, et retourna dans la salle.

Elle mit Beethoven en route, et laissa ses membres la conduire le milieu de la salle. Elle commença en pointe, travaillant ses bras, car ici la grace était recherchée et approuvée par tous.

Aoi se regardait, on lisait ce sérieux sur son visage, elle se trouvait face au grand miroir, essayant de relever son buste le plus possible afin de monter plus haut plus haut plus haut.

A ce moment là elle disparut totalement dans son monde [...]

Masumi Kyoka. 18 ans. Fille unique issue d'une famille modeste et absente visiblement de sa vie: limites volontairement posées par la jeune femme. Cependant, ils auraient débarqués récemment chez elle, étant donné qu'elle ne vivrait plus seule en ce moment.
Etudiante à Yamaguchi High, tout comme Miroku, le jeune homme ne se souvenait pas l'avoir croisée une quelconque fois. En même temps, il en fallait beaucoup pour qu'il se souvienne du visage des autres personnes qu'il pouvait côtoyer dans son environnement, surtout qu'il était très peu présent au lycée finalement.

Bref, n'empêche qu'ils étudiaient donc au même endroit et que ça ne serait pas trop difficile de l'observer et voire même de l'utiliser en public.
Quoi que, Miroku n'aimait pas forcément s'exposer et exposer les autres... Il préférait les descendre et les pourrir discrètement.

Arrivant devant une salle de danse visiblement occupée par Masumi, il ouvrit doucement la porte et passa sa tête pour observer la situation.
Elle était là, à danser... Très bien pour tout dire...
Et elle avait osé s'ouvrir le crâne contre son canapé en dansant à cloche-pied?
Cette jeune femme était définitivement difficile à cerner.

Miroku entra complètement dans la salle, claquant la porte pour se faire remarquer... et la faire sursauter aussi si possible, tout en lançant d'une voix haute afin de bien se faire entendre:

Alors c'était ça ce que tu voulais faire en me quittant précipitamment ce matin?


Il s'approcha finalement d'elle.

Je vois que j'ai beaucoup de choses à apprendre sur toi.

Qu'est-ce qu'il pouvait se foutre de ses qualités et de ses défauts, tout comme de sa vie et de ses passions. Quoi qu'il pouvait toujours utiliser ses défauts contre elle... Mais bref. Etre attachant et insoupçonnable commençaient à devenir des paramètres intéressants dans sa prise en charge du cas 'Masumi Kyoka'. La partie avait changé d'objectif.

Passe la soirée avec moi, ce sera toujours du temps de gagné pour apprendre à mieux nous connaître.

Hum... Il devait se calmer. Ce changement trop radical de comportement pourrait lui mettre la puce à l'oreille, quoi qu'il aurait toujours la possibilité de se rattraper plus tard en laissant sa vraie personnalité prendre le dessus (avec plaisir).
Et ainsi, elle le prendrait pour un psychotique présentant des troubles de l'humeur marqués.
Mais ce n'était pas grave. Petit à petit, il apprendrait à ajuster son jeu de rôle et il arriverait à ses fins.
A cette pensée, un léger sourire se dessina sur son visage.

Aoi était dans son élément, et elle ne le cachait pas. La danse était composée de gestes obligatoirement exagérés, Aoi ne devait pas se priver.

Pour beaucoup trop de monde, la danse était reservée aux jeunes filles sans vrai objectif. Il faut dire que cette activité était souvent la première des petites filles âgées de à peine 4 ans.

Cela provoquait une même idée, toute gamine voulait se voir "danseuse" plus tard. On passait tous par là, ça devenait trop "normal".

Il y avait une part de vérité cependant, la danse ne devait pas être banalisée. A Yamaguchi High on ne s'amusait pas à danser pour impressioner les autres, mais pour être le/la meilleur(e) dans ce domaine.

C'était le point de vue de Aoi. Et elle l'appliquait entièrement. Etre et encore être la meilleure. Toujours.

En dansant, Aoi sentit sa guètre gauche glissait légèrement. Fronçant des sourcils, elle se posa sur le parquet, et resta là à remettre en ordre ce qui n'allait pas.

Subitement, elle entendit un bruit assez violent surgir. Elle sursauta et tourna la tête vers la cause de ce bruit. La porte. Courant d'air ? Non, c'était un jeune homme.

En effet, un élève était là, à la regarder. Elle ne l'avait jamais rencontré en faite. Ce dernier commença à lui sortir des phrases incompréhensibles.

Il semblait la connaitre, et d'après lui, ils s'étaient vu le matin même. Aoi ne comprenait pas, elle avait passé sa matinée tranquillement, sans la moindre présence d'homme.

"Je ne vois pas de quoi tu parles."

L'inconnu continuait son monologue en parlant d'une soirée prévue pour apprendre à se connaitre. Ca devenait de plus en plus irréaliste. Pour qui se prenait-il ?

Il devait se fouttre d'elle. Un playboy peut être. Cette pensée l'agaça, vraiment.

"Tu en as d'autres des idées dans ce genre ?"

Avait-elle dit séchement, en posant ses yeux sur sa guètre blanche.