Quand on s'ennuit.. {Uzume}.

C'était une après-midi d'automne. Ryûzaki s'ennuyait, comme vous avez pu le lire plus haut. Il s'ennuyait. Comme toujours. Il n'avait plus de baito* et n'en voulait pas spécialement, ayant assez d'argent pour couvrir les frais de la semaine qui approchait à grand pas. Il errait donc dans notre petite ville paisible, à travers ruelles et pensées. Son vieux mp3 en main, il s'arrêta finalement à la station de métro la plus proche. Il avait trouvé ce qu'il allait faire. S'installer dans un wagon avec sa musique aux oreilles, près de la fenêtre, dans le sens inverse de la marche. Regarder à travers la vitre sale, le paysage qui défilait. Qui s'éloignait. Loin.. très loin.. Et ça toute l'après-midi. Vous devez sans doute le trouver bizarre, mais Ryûzaki adorait faire ça. Voir la vie défiler sous ses yeux le faisait réfléchir. Ca l'inspirait. Il piochait des idées dans son esprit, et les mettait de côté. Peut-être pourrait-il en faire un poème, une chanson ? Dans un autre temps, il s'évadait. Le regard noyé dans cet océan d'images en mouvement, de l'autre côté de la paroi. Son âme vagabondait à l'extérieur, au gré du vent. Elle s'attardait là où sa propre personne, au sens physique, ne descendait pas de la rame de métro.
Drôle de passion. Mais ces choses si simples et si.. 'bizarres' aux yeux des autres, Ryûzaki les adorait. Elles lui procuraient un sentiment de liberté. Elles lui permettaient de rêver à la vie qu’il aurait préféré mener. De penser à d’autres horizons lointains, plus tristes ou plus joyeux.

Le jeune brun se paya donc un billet, puis entra dans le wagon le plus proche. Et première déception : elle est était pleine de monde. Des visages plus ou moins vieux, des corps masculins et féminins partout. Ca tombait mal, pour quelqu’un qui préfère la solitude. Par miracle, une place se libéra près de la fenêtre. Une place comme il voulait, dans le sens inverse de la marche. On aurait dit qu’elle lui était réservée. Ryûzaki s’assit donc. En face de lui, un vieil homme dormait paisiblement. À sa gauche, une femme lisait, et la jeune fille qui faisait face à cette dernière envoyait des sms en souriant. Notre solitaire s’appuya contre la vitre, et mit ses écouteurs. Il choisit une chanson triste, comme d’habitude, monta le son avant de se plonger dans le paysage, au moment où la rame se mettait en marche. Elle prit rapidement de la vitesse, et Ryûzaki se laissa aller au rythme de la musique, au rythme du wagon qui tanguait sur les rails. Le regard perdu dans le vague, il se sentait bien. Le volume de son mp3 lui faisait oublier le bruit des bavardages ambulants, autour de lui. Il avait l’impression d’être seul au monde. Dans un sens, c’était vrai.

Premier arrêt. La fille qui lisait se leva, laissant une place libre à côté de notre jeune nippon, qui perçut vaguement un mouvement à sa gauche, sans pour autant y faire attention. Mais quelqu’un d’autre s’approcha..

*

Et dire que certains allait au parc d'attraction! Ils payaient un billet une fortune alors que le métro était tout aussi amusant. Certes, les rails n'étaient pas toutes tordues mais s'engager dans une simple rame de ce transport en commun provoquait autant de sensation forte. Outre les virages serrés qui faisait tanguer, les voyageurs étranges, la voix venue de nul part indiquant la destination, le simple fait de ne pas savoir si on n'en ressortirait vivant était tout bonnement excitant.Et si le wagon déraillait? S'il y'avait un problème technique et que celui-ci explosait? Bon ce genre d'accident n'était guère répandus mais ils existaient non? Bien des personnes les oubliaient pensant donc être en sécurité pendant leur trajet. Uzume, elle, avait conscience du risque. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle prenait de temps en temps le métro. Défier la mort n'était guère son truc mais s'y amuser quelques fois était sympathique. D'accord cela lui coûtait de l'argent alors que marcher à pied aurait été gratuit mais elle n'avait jamais été proche de son argent! Non non, elle n'était pas radine non plus. Elle savait économiser tout en se faisant plaisir. Elle avait trouvé un juste milieu. Il valait mieux d'ailleurs. Les pingres accumulaient une fortune dont ils ne savaient profiter tandis que les dépensiers s'engageaient dans des crédits pour finir par crouler sous les dettes. Comme elle ne voulait faire partie d'aucunes de ces catégories, la demoiselle s'était efforcé de trouver une certaine stabilité. Financière évidemment! Pour ce qui était du reste, Uzume était tout le contraire.

Ignorant les regards intrigués se posant sur sa personne, la demoiselle pénétra dans la rame. Qu'on rigole en la voyant était habituel. Après tout, on ne voyait pas tous les jours un être habillé comme elle. Décalée? Complètement. Elle était entre une sorte de gothisme et traditionalisme asiatique. Mélanger deux styles étaient plutôt plaisant. Enfin bref...Faire voir sa tenue vestimentaire n'était pas la raison pour laquelle elle était venue. Le voyage était bien plus intéressant. Debout mais ce tenant tout de même à une barre, la jeune fille attendait que les portes se referment. Oui, elle aurait pu s'assoir mais elle n'y tenait guère. Être assise n'avait jamais été ce qu'elle préférait. Et puis se précipiter tel un animal sur un vulgaire bout de viande pour avoir une place ne lui disait rien. D'accord, cette cause était la principale. Peut-être que si un siège avait été libre elle l'aurait prit. C'était plus amusant de se sentir ballotée assise que de siller à chaque tournant.

« Excusez-moi.. »

Avec sa musique à fond, il n'entendait rien.

« Monsieur, s'il vous plaît ! »

Aucune réaction. Ryûzaki sentit une main se poser sur son épaule. Il sursauta légèrement. Qui,.. qui avait osé le tirer si brutalement de son monde ?! Légèrement irrité, il arracha une oreillette et posa son regard sombre sur le trouble-fête. Ou plutôt, la. La responsable était une femme accomplie, qui semblait s'impatienter. Tout en essayant de rester poli, notre jeune solitaire demanda sèchement :

« Ouais ?
- Vous êtes encore jeune, vous pourriez laisser votre place ! »

Il remarqua alors une minuscule petite fille qui tenait la main de celle qui semblait être sa mère. Ryûzaki baissa un peu le son, et se leva sans un mot de plus. Il s'accrocha solidement à une barre métallique tandis que le métro redémarrait.

Pff.. Mais quelle excuse bidon. Elle se croyait peut-être vieille ? Ne pouvait-elle pas se mettre sur le siège libre avec sa fille sur les genoux ? Nan. Il fallait qu'elle sorte un 'jeune' de ses rêveries. Ryûzaki aurait pu discuter longuement sa place, avec une femme comme ça. Mais il n'avait pas eut envie de se prendre la tête avec ça. Si elle l'avait demandé un tant soi peu plus gentiment, peut-être qu'il aurait cédé un tant soi peu plus gentiment. Enfin bon. Ce n'était pas le fait de devoir rester debout qui le gênait, mais le fait d'avoir perdu sa 'liberté'. En effet, de là où il était, il ne voyait plus aussi bien dehors. Et puis, il n'avait plus envie de rester dans le métro. Il n'en avait plus aucune raison. Cette histoire l'avait énervé ; preuve qu'il est plutôt sensible.

Il se sentait mal. Humilié. Pourquoi ? Je ne pense pas que je pourrai vous l'expliquer. Soit vous comprenez, soit vous ne comprenez pas. Il regarda autour de lui. Des tas de visages le scrutaient. Des tas, et des tas. Il avait l'impression qu'ils étaient nombreux.. Infiniment nombreux. Il avait l'impression d'être une bête de scène vaincue. Il détestait ce sentiment. Ses mains tremblaient, la pression montait.. Il se sentait mal.. Il n'avait plus rien pour se réfugier. Autour de lui, il n'y avait que ces gens.. Ces gens qui le dévisageaient.. Il ne pouvait pas regarder quelque part où ils n'étaient pas.. Il serra les dents. Ce n'était pas le moment, non.. Ce n'était pas le moment de paniquer.. C'était comme si son espèce de couverture était partie en fumée, il ne savait pas où se cacher. Pour que personne ne le voit. Pour que personne ne voit cet être fragile et laid.. Étrange et horrible.. Personne ne devait le voir, lui, et pourtant, il y avait toujours ces gens qui le regardaient..

En dernier recours, Ryûzaki s'adressa à la fille la plus proche de lui {ton perso}. Sa voix tremblait mais recouvrait tous les autres bruits de conversation et de circulation.

« Quoi ?! Pourquoi tu m'regardes comme ça, toi ?!! J'suis un monstre ou quoi ?! »

Ce semi-hurlement lui attira encore plus de regards, encore plus de mal à contenir sa crise de paranoïa. Ce n'était pourtant qu'une place assise.. Il essaya de se calmer en posant son front contre la barre métallique, mais sans grand succès. Il ne pouvait que prier. Même si il ne croyait aucunement en dieu. Prier pour que les gens cessent de le regarder. Il ne méritait pas toute cette attention.. Il serra encore les dents, ferma les yeux et attendit.

Outre le côté parc d'attractions qui rendait le métro plus qu'attrayant, le comportement des passagers étaient tout aussi passionnant. Ils semblaient tous identiques. Physiquement et dans leur comportements...D'aspects, ils étaient tels des clones. Leurs vêtements étaient de même tonalité, presque de même coupe ainsi de suite. Comme s'ils se fringuaient tous chez le même couturier ou magasin. Uzuzu n'était pas surprise d'un certain côté. Les gens manquaient cruellement d'originalité. Chaque être est unique? Affirmation fortement risible. Si on mettait de côté leurs fripes, ils agissaient presque pareil. Certains dormaient quitte à manquer leurs arrêts, d'autres avaient le regard perdu dans le vide, quelques passagers lisaient, des voyageurs ne faisaient rien et les derniers se passionnaient pour leurs voisins. Ceux-ci étaient les plus nombreux. Quelle impolitesse! Certes, l'ennui devait sûrement les poussé à agir ainsi mais tout de même! Ne se rendaient t'ils pas compte qu'il était plus que gênant quand de multiples regards se braquaient sur vous? Uzume ne se visait pas évidemment mais plutôt ceux qui n'en avaient pas l'habitude. Elle aussi en avait été fort incommodée les premières fois qu'elle était sortie en ville. Elle plaignait donc ce pauvre jeune homme juste à côté d'elle qui était à présent la bête de foire du métro. En parlant de celui-ci, elle ne comprenait guère pourquoi il était à présent le centre d'attention. Qu'avait t'il fait ou dit de si particulier? Il n'avait pas laisser sa place à une femme ayant une enfant? Et alors? Elles étaient impotentes? Ce type de gens dénigrant les jeunes tapaient sur le système d'Uzume. Toujours à critiqués les adolescentes alors que leur comportement envers ceux-ci étaient d'un grand irrespect. Et après ils souhaitaient être estimés par ces derniers...Ils pouvaient toujours rêvés. Bien sûr, la demoiselle ne prenait pas ceci comme excuse pour pouvoir insulter et manquer de politesse envers les aînés. Elle n'aimait pas les embrouilles alors autant les éviter. Malheureusement pour elle, il y'avait des moments ou les complications venaient toutes seules. Comme maintenant par exemple. Uzume eu la malchance de croiser le regard de ce fameux jeune homme. Elle qui ne l'avait pourtant observer que quelques secondes et qui ne le considérait pas comme un moyen de distraction subissait à présent ses réprimandes.

"Un monstre? J'en ai vu un bon nombre mais aucuns ne te ressemblaient."

Encore une de ses divagations. Evidemment, elle n'avait jamais vu de créatures autre qu'humaine en dehors de son monde imaginaire. Non, la demoiselle ne confondait pas le réel et le virtuel. Elle appréciait juste de les mélanger. Après tout, la vie serait tellement triste si elle mettait de côté tout ce qu'elle inventait. Une grande partie des bizarrerie d'Uzume n'étaient que des jeux de sa part. Celles-ci avaient par contre tendances à se confondre avec ce qu'elle croyait vraiment. Si elle pensait que les fantômes existaient vraiment, elle savait pertinemment que les chimères non. Quoi que...Il lui arrivait parfois de ne plus savoir quoi penser quand elle s'adonnait à quelques réflexions. Si un tel existait, pourquoi pas l'autre? Prise de tête.

"Mais chut! Tu te donnes en spectacle et tu leurs rend bien service."

Elle désigna de son doigt les passagers.

« Un monstre ? J'en ai vu un bon nombre, mais aucun ne te ressemblait. »

Il ouvrit les yeux, et jeta un regard apeuré à la demoiselle. Sa remarque était étrange. Qu'insinuait-elle par le fait qu'elle ait déjà vu des... 'monstres' ? Peut-être que ses paroles n'avaient aucun sens caché, peut-être que si. Peut-être étaient-elles plus profondes que le sens propre, mais Ryûzaki n'était pas vraiment en mesure de se le demander. Cependant, ça l'avait quelque peu rassuré. Ce qu'elle avait dit. Il continua de regarder la jeune Kakashi. Ne regardant même plus qu'elle. Et il se rendit compte qu'elle-même était étrange. Elle n'avait rien de normal. Enfin, bien sûr qu'elle restait une humaine, mais une drôle d'humaine. Sa façon d'être était vraiment particulière, tout comme l'aura qu'elle dégageait. Etait-ce sa voix ? Ses vêtements complètement décalés ? Ses paroles bizarres ? Non pas que Ryûzaki portait un jugement sur elle, mais ça le rassurait de voir quelqu'un d'autre de différent.

« Mais chut ! Tu te donnes en spectacle et tu leur rends bien service. »

Cette fois, le regard de Ryûzaki devint presque intrigué. Cette fille venait de lui faire oublier sa peur, en quelque sorte. Cette façon qu'elle avait eut de montrer les passagers du doigt, avait eut quelque chose de calmant. Se mettait-elle elle-même à part ? On aurait dit que pour elle, ces gens qui voyageaient étaient des étrangers. Qu'elle n'appartenait pas au même monde qu'eux... Et que ça lui plaisait. Pourtant, le brun, lui, avait toujours voulu le contraire. Ressembler aux autres. Être normal. Mais qu'est-ce que ça voulait dire, 'normal', au fond ? Il regarda autour de lui. Tout le monde était revenu à ses occupations, plus personne ne l'observait suspicieusement. Et tant mieux. Soulagé, il soupira et porta de nouveau ses yeux sur Uzume.

« ...Et si ce n'est pas moi, ce sera quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ? »

Ses propres mots, ses propres paroles l'étonnèrent. Il ne savait pas d'où il les avait sorties, mais il ne les regrettait pas vraiment. C'était peut-être une sorte de remerciement, même s'il était bien caché derrière ces quelques dires. Ou peut-être avait-il dit ça pour se rassurer plus encore. Comme pour se dire qu'il n'était pas le seul à se 'donner en spectacle'. Mais peu importait, Ryûzaki venait d'engager la conversation et c'était déjà beaucoup, venant de lui !

{ Court, comme prévu. Désolée >< }

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